Calames

MMSH-PH-100166 Film ethnographique Sassalé. À propos d'un village ou : de l'esclave au paysan pauvre..., de Jean-Pierre Olivier de Sardan

Ce film a été soutenu par le label et prime à la qualité du Centre National du Cinéma et a obtenu le prix de la qualité. Il a été sélectionné au Festival du film ethnographique et sociologique de Venise, en 1972.

Date : 1971-1972
Date : date de diffusion : 1972
Langue : songhai-zarma, français
Description :
le film s’ouvre sur la récolte du mil par un homme, dans un champ. En voix off, nous entendons l’enregistrement datant de 1947 de l’administrateur des colonies, M. Emmanuelli, expliquer dans son rapport de tournée, que Sassalé est “le village le plus extraordinaire qu’il ai rencontré”. Il cite un proverbe : “un Sassalé met dix griots en fuite”. Il raconte que les gens de Sassalé chantent les louanges des voyageurs pour obtenir une rétribution et que tous cèdent, sous peine de se voir tourner en ridicule. Jean Pierre Olivier de Sardan se rend donc à Sassalé où il ne croise que des personnes accaparées par leur travail, à l’exception d’une femme âgée qui va lui chanter une chanson de louanges du chef des Kourtey, groupe ethnique du village de Dessa, situé à proximité. Le film nous fait entendre les propos contradictoires du chef Kourtey, disant que les Sassalé sont leurs esclaves et qu’ils s'adonnent à l’injure et à la mendicité tandis que le chef des Sassalé réfute ces propos en évoquant la peur des Kourtey de se rendre à Sassalé. Jean Pierre Olivier de Sardan décide de mener l’enquête à travers ces témoignages et récits contradictoires. Dans le passé, les Kourtey étaient célèbres pour leurs expéditions fluviales destinées à razzier hommes, femmes et enfants, raptant ainsi les Sassalés, asservis en esclavage et rassemblés au sein d’un village dédié aux cultures. En général, les esclaves devaient se comporter de manière soumise et pratiquer la mendicité. Les Sassalés auraient poussé ce comportement à l’extrême, comme une parodie. Une séquence du film reconstitue un rapt au bord du fleuve Niger. A l'époque du film, les préjugés persistent, comme par exemple l’infériorité des descendants d’esclaves. Au cours d’un vif échange avec un groupe de femmes, dites “captives du chef Kourtey” et vivant à proximité de Dessa, est à nouveau évoquée la condition d’esclaves des gens de Sassalé. Les femmes dansent et racontent en se moquant, la rencontre avec un homme blanc où les Sassalés avaient dansé nus, “tels que Dieu les avait créés”. Elles entonnent également un chant où elles se moquent des attributs sexuels de certains hommes, acceptant avec fierté l’héritage de ces chants à connotation sexuelle, issus de leurs ancêtres et de leur condition d’esclave. De retour au village de Sassalé, aucune trace des pratiques décrites par ce groupe de femmes “captives” n’est retrouvée. Une habitante du village explique que les “coutumes impudiques” liées à l’esclavage sont aujourd’hui révolues. Les danses sont uniquement en lien avec les thèmes de la vie quotidienne, au contraire des femmes “captives” voisines de Dessa. Ensuite, Jean-Pierre Olivier de Sardan explique que le village est pauvre, les anciens captifs n’ayant reçu que les terres les plus pauvres après la fin de l’esclavage. Ils ne peuvent ainsi cultiver que le mil, ne permettant pas une sûreté alimentaire du fait des famines régulières tous les 6 à 7 ans, comme par exemple celle dite “des calebasses” où la population les pilait pour se nourrir. A 23 minutes, l’homme qui récoltait le mil au début du film est rejoint par son épouse; ils se chamaillent gentiment, car elle a oublié d’apporter de l’eau, distraite par la rencontre avec son amie Mariama. En voix off, M. Olivier de Sardan rappelle les longues journées de travail des 1100 habitants de Sassalé et leurs difficultés économiques qui entraînent l’émigration des jeunes gens au Ghana, chaque année et pour quelques mois. Le film se termine sur les images de jeunes gens à la ville, affairés à leur travail dans l’industrie ou à l'abattage des arbres, pour rapporter de l’argent plus tard au village. Le constat que “les chefs d'aujourd'hui sont les maîtres d’hier” est tempéré par l’espoir de la dynamique de changement porté par les populations elles-mêmes.
Le film est en langue wogo (dialecte du zarma), la voix off (Jean-Pierre Olivier de Sardan) est en français.
Autre support : Le film, tourné en pellicule couleur 16mm a été numérisé.
Conditions d'utilisation : Un contrat d'autorisation d'utilisation et de diffusion des documents déposés est signé avec Jean Pierre Olivier de Sardan. Les droits du film sont gérés par CNRS images : toute reproduction ou représentation est interdite sans l'autorisation préalable de CNRS Images. Formulaire de contact CNRS Imges : https://images.cnrs.fr/nous-contacter. Sous réserve de la recherche des droits des protagonistes du film. Prise de son : M. Maïga, Djingarey. Montage : M. Lacam, Jean-Pierre. M. Olivier de Sardan, en 2021 nous a informé de l'existence d'une version numérique à la Bibliothèque Archives du Centre audiovisuel de l'Université catholique de Louvain.
Reproduction(s) numérique(s) : Numérisation disponible en ligne
Producteur du fonds ou collectionneur : Centre national de la recherche scientifique (France)

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