LADRHAUS (en 1981). Le témoin évoque des raisons institutionnelles, la recherche d'une sonorité similaire, mais également en référence à Henri Lefebvre. La fin de la discussion s'oriente vers les relations du témoin avec le milieu de l'université, lui donnant l'occasion de mentionner ses liens avec l'université de Nanterre, avec le groupe de sociologie de Nanterre, avec les sociologues Henry Raymond et Marion Segaud, avec le géographe Guy Burgel, l'architecte Maurice Culot de l'université de La Cambre en Belgique et l'architecte Marco Massa, enseignant à l'université de Florence ainsi que d'autres professionnels italiens." name="description" />
MMSH-PH-7587Philippe Panerai, enseignant-chercheur en architecture et urbanisme retrace les débuts de la recherche en architecture, à travers son parcours, des années 1960 aux années 1980
Description :
L'entretien avec Philippe Panerai, conduit par l'historienne de l'architecture Nicole Capellari et l'enseignant-chercheur en architecture Julien Correia s'intéresse plus particulièrement au parcours de chercheur du témoin, dans le contexte du début de la recherche en architecture des années 1960 aux années 1980. L'enquêtrice commence par rappeler que Philippe Panerai a étudié à l'école des Beaux-Arts de Paris, dans l'atelier Arretche jusqu'en 1967, avant d'intégrer l'Institut d'urbanisme entre 1967 et 1969, avant l’institutionnalisation de la recherche. Philippe Panerai raconte la crise de l'enseignement de l'architecture dans l'institution des Beaux-Arts de Paris, en 1965, liée d'une part à une remise en cause des programmes d'enseignement par les étudiants (l'architecture moderne était ignorée) et d'autre part liée à l'influence de l'architecte Bernard Huet qui, riche de son parcours à l'étranger, et de son expérience professionnelle dans l'atelier de Louis Kahn aux États-Unis, pose à ce moment-là, la problématique de la recherche en architecture. Il s'ensuit la scission de l'école, avec le départ d'un groupe d'étudiants qui intègrent l'Unité pédagogique d'architecture N°8, créée par Bernard Huet. Philippe Panerai rappelle un côté positif de l’enseignement dans les ateliers des Beaux-Arts qui était d'offrir une grande liberté, ce qui permettait de s'ouvrir à d'autres études en parallèle, ou aux voyages, ou à d'autres activités. Avant d'intégrer la formation de l'Institut d'urbanisme fin 1967, le témoin se voit proposer par Louis Arretche ainsi qu'à l'architecte Jean Castex et à un ingénieur, de participer au concours pour l'aménagement du quartier des Halles à Paris. Ce travail lui fait prendre conscience de leurs lacunes en matière d'architecture haussmannienne et des difficultés de création d'un projet, sur les plans architectural et urbanistique. Également, avant 1968, il revient sur l'exploration systématique de la banlieue, qu'il menait avec les architectes Jean Castex et Pierre Colboc, puis il relate la période du service militaire, à la direction d'un service technique, à Villacoublay, concomitamment des évènements de mai 1968 et de l'éclatement de l'enseignement de l'architecture à l'école des Beaux-Arts. Dans cette époque d'innovation, Philippe Panerai a l'opportunité de présenter sa candidature pour être professeur dans les nouvelles unités pédagogiques qui s'ouvraient et il raconte que c'est aussi grâce à son expérience de préparateur au concours d'admission en école d'architecture qu'il peut prendre un poste à l'école de Versailles. Il revient sur l'agitation de ce qui allait devenir UP6 et sur le conservatisme d'UP4, puis raconte la bonne ambiance des réunions fondatrices d'UP3 à Versailles, où il connaissait des étudiants, deux anciens assistants de Louis Arretche, l’ancien assistant d'Eugène Beaudouin, l'architecte Richard Helmy, et divers enseignants dont un mathématicien et le sociologue Jean-Charles Depaule. L'architecte Henri Bourdon est un peu le chef de la troupe, et annonce la date de début des cours, le lundi suivant, avec beaucoup d'idées en tête quant aux territoires à investiguer ou à la méthodologie d'enseignement. Il se souvient d'étudiants comme Patrick Céleste ou Philippe Gresset. L'enquêtrice revient alors sur le rapport du témoin à la recherche lorsqu'il suivait les cours de l'Institut de l'urbanisme. Philippe Panerai rappelle qu'il suivait ces cours en fonction des horaires du service militaire et répond en mettant l'accent sur ce que lui a apporté cet institut : des cours surprenants pour l'époque comme celui d'un enseignant passionnant qui parlait de la forêt et dont le lien avec les nécessités professionnelles des architectes n'apparaissait pas immédiatement à cette époque, ou les cours du sociologue Hubert Tonka qui poussait les étudiants à étudier les pensées des urbanistes, ou l'apprentissage de la prise de notes ainsi que des lectures nourrissantes. Il évoque également l'enseignement stimulant du philosophe et sociologue Henri Lefebvre. Puis Philippe Panerai donne des précisions sur les débuts de l'enseignement à Versailles : les élèves (une quinzaine au début) pouvaient choisir leur enseignant référent en fonction du projet qu'ils décidaient de mener, il revient égalementsur le travail autour du village de Buc et du plateau de Saclay. Puis, il narre avec de nombreux détails son voyage aux États-Unis et au Canada, voyage organisé par l'association des anciens étudiants en architecture La Grande Masse et exprime son admiration pour l'architecte Frank Lloyd Wright, à l'instar de son ami l'architecte Jean Castex. Revenant aux travaux de recherche du témoin, l'enquêtrice relance la conversation sur le premier appel d'offres lancé par le nouveau Comité d'orientation pour la recherche et le développement en architecture (CORDA), en 1974, auquel répond Philippe Panerai et qui aboutira à la publication du livre De l'îlot à la barre (ndlr : voir référence bibliographique ci-dessous), avec Jean Castex et Jean-Charles Depaule. À sa demande, Nicole Capellari confirme à Philippe Panerai qu'elle est bien en possession d'un exemplaire historique en deux volumes (avec une couverture Craft). Le témoin cite les membres de l'équipe, motivés à répondre à l'appel d'offres du CORDA : Richard Helmy, Jean Castex, Ginette Baty Tornikian, le juriste Michel Huet, la géographe Marcelle Demorgon. Pour pouvoir y répondre, ils décident de créer une association, le laboratoire de recherche Association pour le développement de la recherche sur l'organisation spatiale (ADROS), dont Richard Helmy sera le premier président, et dont Philippe Panerai prendra sa suite la deuxième année. L'entretien s'oriente ensuite sur les possibles modèles étrangers dans le domaine de la recherche. Philippe Panerai évoque tout d'abord l'influence de Jean-Pierre Épron, directeur de l'école de Nancy à cette époque et vice président de la société des architectes diplômés par le gouvernement, société éditrice de la revue AMC, dont les architectes et urbanistes Philippe Boudon et Alain Sarfati étaient collaborateurs. Philippe Panerai explique que bien que l'école de Versailles était un peu vue comme « les restes de l'atelier Arretche », Jean-Pierre Épron, en tant que directeur pédagogique de l'unité pédagogique de Nancy, le sollicite pour être membre de jury, ce qui lui donnera l'opportunité, à l'occasion d'un voyage à Nancy de rencontrer Georges Perec. Il explique ses influences étrangères en relatant ses voyages : Londres, Amsterdam, Francfort et l'Italie vers 1975. Il connaissait déjà l’œuvre de l'architecte Saverio Muratori notamment, et reconnaît que la pensée architecturale en Italie était à la pointe de la réflexion sur beaucoup de sujets. L'autre influence étrangère venait du monde anglo-saxon, l'Angleterre d'une part et les États-Unis d’autre part (Kevin Lynch, Robert Venturi et Frank Lloyd Wright). Il se souvient d'un colloque à Rocquencourt, en 1971, organisé par l'ingénieur Jean-Paul Marois (lui-même en lien avec l'informaticienNicholas Negroponte ou Wolf Frankel), sur le thème de « informatique et conception en architecture », où il avait rencontré Brodbeck. Puis Philippe Panerai revient sur la période entre la première publication de L'îlot à la barre et sa traduction en plusieurs langues (italien, hollandais, allemand, chinois, portugais), entre 1975 et 1980. Puis il décrit les circonstances qui lui ont permis de publier cet ouvrage, en co-rédaction avec Jean Castex et Jean-Charles Depaule, comme par exemple les rencontres avec le directeur du Centre d'études et de recherches architecturales (CERA) Jean-Pierre Halévy et la maison d'édition Dunod, qui avait lancé une collection intitulée « Aspects de l’urbanisme », publiant ainsi des travaux de recherche en architecture. Philippe Panerai explique que ce travail l'a aidé à obtenir le poste de professeur de première catégorie. L'enquêtrice souhaite ensuite avoir des précisions sur les rapports entre les différentes structures associatives de recherche, dans la période de leur création, en évoquant l'Institut d’Etudes et de Recherches Architecturales et Urbaines (IERAU), créée par UP8 (fondée par Bernard Huet). Philippe Panerai relate que c'est lors de son voyage de retour en train de Nancy et suite à la discussion avec Jean-Pierre Épron, qui venait de créer le Centre d’études méthodologiques pour l’aménagement (CEMPA) que l'ADROS a été créé. La question des relations avec l'IERAU d'UP8 est l'occasion d'évoquer la brouille avec Bernard Huet qui a perduré près d'une dizaine d'années et d'en préciser les raisons. Cette situation sera débloquée grâce aux bienveillantes manœuvres des sociologues Henry Raymond et historienne Ginette Baty-Tornikian. Le témoin donne des détails sur les relations et les liens qu'entretenaient différents acteurs du monde de l'architecture à cette période. Puis la conversation vient sur les appels d'offres auxquels a répondu Philippe Panerai, celui-ci citant le premier émis par le CORDA (ayant abouti à la publication de l'ouvrage « De l'îlot à la barre », puis le deuxième pour la recherche sur Versailles. Il donne à cette occasion des détails sur les difficultés quant à l'édition d'un livre pour cette recherche. Ensuite, il parle de travaux de recherche auxquels il a participé, dirigées par exemple par Marcelle Demorgon, ou d'un travail sur les bastides avec Françoise Divorne. Philippe Panerai retrace ensuite ce qui l'a conduit, vers 1981,1982 à se rendre au Caire, pour un colloque, sollicité par son ami Jean-Charles Depaule, et raconte en détail sa fascination pour cette ville, ses influences mamelouk et ottomanes. L'enquêtrice demande des explications sur les raisons de l'évolution du nom du laboratoire de recherche ADROS (créé en 1974) vers " (Versailles)" source="Sudoc" authfilenumber="127171266" role="sujet">LADRHAUS (en 1981). Le témoin évoque des raisons institutionnelles, la recherche d'une sonorité similaire, mais également en référence à Henri Lefebvre. La fin de la discussion s'oriente vers les relations du témoin avec le milieu de l'université, lui donnant l'occasion de mentionner ses liens avec l'université de Nanterre, avec le groupe de sociologie de Nanterre, avec les sociologues Henry Raymond et Marion Segaud, avec le géographe Guy Burgel, l'architecte Maurice Culot de l'université de La Cambre en Belgique et l'architecte Marco Massa, enseignant à l'université de Florence ainsi que d'autres professionnels italiens.
Caractéristiques matérielles et contraintes techniques
:
qualité sonore très bonne.
Conditions d'utilisation : un contrat d'autorisation d'utilisation et de diffusion de l’entretien a été signé avec l’informateur. La consultation est libre, la diffusion sur internet est autorisée, la copie libre, l'auteur anticipe le domaine public.
Bibliographie :
Panerai, P., Castex, J., Depaule, J-C.,
Formes urbaines, de l’îlot à la barre,
Dunot, 1977, Sudoc : https://www.sudoc.fr/000266736
Information sur le traitement :
analyse documentaire de Annick Boissel, décembre 2022.
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