Date :
1889-1984
Description physique :
118 boîtes. 11,76 mètres linéaires.
Organisme responsable
Humathèque Condorcet
10 cours des Humanités
93322 Aubervilliers Cedex
Téléphone : 33 (0)1 88 12 08 80
archives.humatheque@campus-condorcet.fr
Site web du Campus Condorcet
Description :
Les archives d’Yves Person, comme de nombreuses archives de scientifiques, sont hybrides : produites par un agent de l’Etat dans l’exercice de ses activités de recherches, elles constituent des archives publiques, cependant, étant donné qu’elle sont également le reflet d’autres activités du producteur, elles sont aussi des archives privées, la difficulté étant de distinguer la limite entre les deux. Ici, l’originalité vient du fait qu’elles ne reflètent pas uniquement les activités de recherche d’Yves Person mais également sont travail d’administrateur de la France d’Outre-mer, ses activités militantes, universitaires, son intérêt pour la défense des cultures et des langues minoritaires, ses publications etc.
Les archives d’Yves Person contiennent :
- Des documents à caractère biographique (archives personnelles, papiers relatifs à sa formation et à sa carrière)
- De la correspondance : personnelle, universitaire et scientifique, politique et militante
- Des archives concernant la période où il est administrateur au Dahomey, en Guinée et en Côte-d’Ivoire
- Des papiers concernant ses engagements politiques (au PSU puis au PS, son engagement pour les cultures minoritaires, des engagements associatifs) et la région dont sa famille est originaire et qu’il n’a cessé de défendre toute sa vie : la Bretagne
- Les archives relatives à ses activités de recherche (sa thèse et l’Afrique bien sûr, mais aussi de nombreux dossiers thématiques et des notes de lecture)
- Des papiers reflétant ses activités universitaires et institutionnelles (cours dans différentes universités, encadrement de travaux d’étudiants, relations scientifiques et institutionnelles, participation à de nombreux colloques, Centre de recherches africaines)
- Des dossiers concernant les articles et ouvrages qu’il a publiés (études historiques mais aussi articles plus « politiques »)
- Enfin, un nombre important de cartons contenant de la documentation accumulée au fil des années (tirés à part, textes de communications, copies d’articles, revues etc.)
Yves Person est l’un des premiers historiens à travailler à la fois sur les archives coloniales (dont les archives de l’armée) et sur les traditions orales. Ses archives reflètent ainsi cette évolution méthodologique ; si l’on trouve des documents se référant au travail dans les services d’archives (notes manuscrites, documents administratifs, fac-similés ou photocopies d’archives coloniales etc.), une grande partie des archives conservées dans les boîtes concernant l’Afrique consistent en de grandes feuilles de notes manuscrites prises lors d’entretiens des africains, détenteurs de la mémoire concernant Samori (Yves Person a interrogé en tout 861 informateurs). Ses notes sont en français, mais malheureusement non datées. Elles ont pu être replacées dans un cadre géographique grâce à la présentation des informateurs dans la bibliographie du tome 3 de sa thèse. Prises « sur le vif », ces notes, même si elles sont d’un grand intérêt, sont parfois difficilement identifiables, comme le confesse lui-même Yves Person dans sa thèse : « Pour l’instant, j’ai seulement archivé une énorme masse de papiers difficilement utilisables pour un autre que moi-même » (p. 2056). Outre ces notes manuscrites, certains informateurs ont directement envoyé des textes tapuscrits et dactylographiés à Yves Person, ou bien il les a obtenu de seconde main.
Les archives d’Yves Person sont précieuses pour étudier non seulement son apport à l’histoire de l’Afrique, mais également pour appréhender le contexte familial, intellectuel, institutionnel et politique dans lequel il a travaillé. Permettant de comprendre les pratiques concrètes de la recherche (notamment grâce aux documents « de terrain »), elles sont très utiles pour le développement d’une histoire des sciences sociales. Au vu des activités militantes d’Yves Person, elles permettent également l’étude de l’engagement politique des intellectuels.
Classement :
Les archives d’Yves Person ont fait l’objet d’un don à la Bibliothèque de recherches africaines en 1990 par ses héritiers. Représentant environ 40 carton, il a fallu attendre 1997 pour qu’un inventaire partiel soit établi par Liliane Daronian concernant l’Afrique. En 2012, le classement et l’inventaire ont été poursuivis en s’attachant à la correspondance, aux documents concernant la défense des cultures minoritaires et la Bretagne. Ce travail a été effectué par Michèle Raffutin et Florine Stankiewicz. En 2013, il a été décidé de reprendre le classement et l’inventaire de l’intégralité du fonds pour pouvoir l’inclure dans la base de données Calames. Ce travail a nécessité six mois (janvier à juin 2014) pour achever le classement des nombreux vracs, reprendre les inventaires précédents et les mettre aux normes archivistiques et reconditionner la totalité du fonds pour avoir un mode de conservation adapté aux documents d’archives.
La première tâche a été de vérifier l’adéquation entre le contenu des cartons et les inventaires existants et de développer les analyses si nécessaires, puis de s’attacher aux vracs qui n’avaient pas encore été traités. Parallèlement, le plan de classement a été retravaillé, grâce à la littérature professionnelle mais aussi avec l’exemple de fonds d’archives similaires, tout en respectant les spécificités du fonds d’Yves Person. Dans un souci de respecter l’ordre originel et le classement interne établi par Yves Person, l’unité des dossiers constitués par ce dernier a été conservée quand cela était possible et cohérent. Ainsi, par exemple, les lettres appartenant à un dossier particulier n’en ont pas été dissociées malgré l’existence d’une série « correspondance ».
En ce qui concerne les archives relatives à l’Afrique et sa thèse sur Samori, il peut parfois être difficile de distinguer ce qui relève du travail de recherche et du travail d’administrateur. Des liens pouvant être établis entre les différentes parties du fonds, les recherches concernant une thématique pourront être complétées par la consultation d’archives aux sujets s’y rapprochant (ainsi, des recherches sur son travail d’administrateur seront utilement complétées par la consultation des boîtes « Afrique », les activités de la recherche étant souvent étroitement imbriquées avec des activités non scientifiques, administratives ou pédagogiques). Dans cette logique, les documents concernant le Dahomey-Bénin, qui pourtant ne concernent pas sa thèse, ont été laissés dans la série « Afrique et thèse » pour une plus grande cohérence. Les archives se rattachant aux pays africains ont fait l’objet d’un classement géographique, les documents étant regroupés par cercles de l’administration coloniale.
Les archives relatives à ses publications ont été rassemblées et classées par article publié, puis chronologiquement. La documentation a été laissée dans les dossiers correspondants sauf pour une très grande partie qui n’avait jamais été traitée. Elle est désormais inventoriée et conditionnée et se retrouve à la fin de l’instrument de recherche. Une sous-série « documents non classés » a été conservée pour les documents qui, extraits de leur contexte originel, sont difficilement identifiables.
Les documents plus personnels et familiaux ont été retirés physiquement du fonds afin d’être restitués, ils n’ont pas été inventoriés. La même procédure a été appliquée pour des archives qui ne concernaient pas le fonds Person mais par exemple le fonds Raymond Mauny. Enfin, des plans et cartes dessinés par Yves Person ont été inventoriés, sans grande précision cependant, car la grande majorité d’entre elles n’avaient pas été intitulées.
La cotation se fait désormais à l’article. Les cotes antérieures ont été reportées chaque fois que cela était possible, sauf quand il s’agissait de documents provenant de cartons non cotés ou trouvés en vrac dans les placards. Elles figurent désormais dans l’inventaire précédées de la mention « anciennes cotes ». L’orthographe des noms utilisée par Yves Person a été respectée. Les dates extrêmes de chaque dossier sont précisées. Enfin, le fonds a été entièrement reconditionné et les éléments métalliques retirés au profit de matériaux plus adaptés aux documents d’archives et aux besoins inhérents à leur conservation.
Producteur du fonds ou collectionneur :
Person, Yves (1925-1982)
Biographie ou Histoire :
Né le 12 octobre 1925 à Paris ; décédé le 17 novembre 1982 ; historien français
Yves Person est né à Paris en 1925 dans une famille originaire de Plounérin (Côtes-d’Armor). Son père était officier colonial.
1/ Formation
Après le bac, Yves Person intègre une classe préparatoire au concours de l’Ecole nationale de la France d’outre-mer (ENFOM) au lycée Louis le Grand, tout en s’inscrivant dans un double cursus de licence histoire-géographie à la Sorbonne. Il entre à l’ENFOM en 1948 où il reçoit plusieurs enseignements : langues et cultures de l’Afrique (Senghor), anthropologie (Maurice Leenhardt), Islam (Louis Massignon), histoire africaine (Henri Brunschwig), géographie tropicale (Jean Dresch), langues du groupe mandé (Liliane Homburger)... Son mémoire sur l’histoire de la Nouvelle-Calédonie se fait sous la direction de Maurice Leenhardt. Parallèlement, il obtient son certificat d’ethnologie africaine à la Sorbonne avec Marcel Griaule.
2/ Yves Person, administrateur
Suite à ses études, Yves Person devient administrateur de la France d’Outre-mer du 1er août 1948 au 1er août 1964. Il est affecté au cabinet du ministre de la France d’Outre-mer, puis occupe différents postes :
- Au Dahomey (1950-1953) (cercle de Djougou)
- En Guinée (1954-1958) (cercle de Kissidougou)
- En Côte-d’Ivoire (1958-1961) (cercle de Siguiri)
Entre 1961 et 1963, il est détaché au cabinet du ministère de l’Education nationale de Côte-d’Ivoire pour la collecte des traditions orales. A partir du 1er août 1964, il devient conseiller aux affaires administratives.
3/ Thèse et recherches
Yves Person rédige ses premiers écrits suite à son séjour au Dahomey où il occupe un poste d’administrateur dans la région de Djougou. Parallèlement, au cours des années 1950 et 1960 (de 1955 à 1962 plus précisément), les différentes affectations administratives qu’il sollicite lui permette de couvrir toute la zone des domaines de Samori (Guinée, Mali, Côte-d’Ivoire, Haute-Volta), de consulter un nombre très important d’archives, mais surtout de mener une vaste enquête en recueillant les traditions orales et les témoignages dont ceux des compagnons encore vivants de Samori. Les lacunes des sources écrites peuvent ainsi être comblées par les sources orales et surtout ce procédé permet de faire de sa thèse la première thèse sur un personnage africain, du point de vue africain, et non plus uniquement colonial, lui assurant une renommée africaine mais plus largement internationale. Convaincu de l’historicité des sociétés africaines, Yves Person confie lors de son exposé de soutenance le 30 mai 1970 : « C’est dans cet esprit que j’ai travaillé et je jugerai que je n’ai pas échoué si j’ai pu, d’une part, aider l’Afrique à récupérer un passé dégagé du mythe, et d’autre part, apporter ma contribution à la reconstruction d’une histoire globale de l’humanité ». Ce travail gigantesque aboutit à sa thèse, Samori, une révolution dyula, en trois tomes, 2378 pages et un quatrième tome d’atlas, qu’il soutient devant un jury présidé par Georges Balandier et qui lui permet d’obtenir son doctorat d’Etat.
4/ Enseignement
Yves Person officie dans un premier temps à la faculté des lettres et l’Institut d’histoire, d’art et d’archéologie d’Abidjan où lui sont confiés des missions d’enseignement et de recherche. A partir de 1963, Yves Person est attaché de recherches au CNRS, puis il devient en 1967 chargé d’enseignement à l’université de Dakar (cours en licence et maîtrise sur le monde mandingue, les royaumes Bantou des savanes etc.), avant de prendre la direction du département d’histoire l’année suivante. Entre 1969 et 1971, il est professeur invité de l’université de Montréal (cours d’histoire de l’Afrique noire) avant d’être élu à la chaire d’histoire contemporaine de l’Afrique noire à Paris-Panthéon Sorbonne en 1971, prenant la succession d’Hubert Deschamps.
5/ Engagements
Yves Person s’est toute sa vie engagé en faveur des peuples et des langues minoritaires, tout en développant une réflexion sur l’état nation et l’autogestion. Administrateur colonial, il développe un grand intérêt pour les personnes et les populations qu’il côtoie. En tant que breton, il se considère lui aussi colonisé par la France. En 1965, il fonde à Paris avec Louis Le Pensec le Club des bonnets rouges. Il s’engage également dans le mouvement Ar Falz, organisation bretonne qui cherche à développer l’enseignement du breton, et dont il préside la revue à un moment de sa vie. En 1972, il coordonne un numéro spécial des Temps modernes sur les minorités nationales en France. Suite à un stage au cabinet de François Mitterrand, alors ministre de la France d’outre-mer, Yves Person noue de solides relations avec ce dernier, et rejoint le Parti socialiste en 1975 (il avait d’abord été encarté au Parti socialiste unifié), en tentant toujours d’y défendre les cultures régionales. Jusqu’au bout, Yves Person travaillera à l’organisation de l’enseignement des langues régionales dans le système de l’éducation nationale. Ses propositions seront reprises sous la présidence de François Mitterrand, notamment avec la circulaire Savary du 21 juin 1982 qui organise les enseignements de langues et cultures régionales de la maternelle à l’université.
Yves Person s’est éteint à l’âge de 57 ans des suites d’une longue maladie.
Citer sous la forme : Fonds Yves Person. Humathèque Condorcet. Cote Paris1 BRA YP.
Documents en relation :
Archives et manuscrits du Cirdoc-Médiathèque occitane/Manuscrits et fonds privés/Fonds Robert Laffont/Correspondance/LAF.O/Bourdet-Person/contient les lettres d’Yves Person adressées à Robert Laffont (1962-1982 ; 270 pièces)
Archives et manuscrits du Cirdoc-Médiathèque occitane/Manuscrits et fonds privés/Fonds Robert Laffont/Textes envoyés à Robert Laffont/LAF.H.007/ « L’idéologie française, l’Etat-nation et l’Afrique », préface de Robert Laffont. Tapuscrit en 4 volumes d’un texte d’Yves Person, manifestement pas publié (4 volumes)
Manuscrits, archives, collections iconographiques, œuvres d’art et objets de collection du Muséum d’histoire naturelle/Manuscrits et archives scientifiques du Muséum national d’histoire naturelle/Manuscrits et archives scientifiques conservés à la bibliothèque centrale du Muséum d’histoire naturelle/Fonds d’archives scientifiques/Fonds Théodore Monod/Archives scientifiques de Théodore Monod/Ms MD 1-52 Archives scientifiques de Théodore Monod/ VI Correspondance / Ms MD 48 PQ / Person, Yves (1975 ; 2 lettres)
Autre instrument de recherche :
Inventaire disponible sous forme de fichier PDF
Bibliographie :
Cahiers du Centre de recherches africaines, « Hommage à Yves Person », n°3, Paris, 1985
Wondji, Christophe, « Yves Person et la renaissance des cultures et des sociétés africaines », Présence africaine, n° 129, 1er trimestre 1984
Colloque « Yves Person (1925-1982). Un historien de l’Afrique engagé dans son temps », CEMAF-Paris, 20-21 juin 2013 (les actes du colloque doivent être publiés prochainement)
Colloque « De la Bretagne au monde/Euz Breizh d’ar Bed », Brest, 28 juin 2013
Information sur le traitement :
Cette description a été rédigée par Isabelle Guichon, pour la Bibliothèque de recherches africaines.
Rappels sur les conditions d'accès et d'utilisation des documents : Communication sur demande motivée, respectant les souhaits du donateur et les éventuelles restrictions d'accès. Consultation sur place uniquement. Pour votre première consultation, afin de vous inscrire, veuillez vous munir d'une pièce d'identité (carte d'identité ou passeport). En raison de la délocalisation temporaire des fonds, un délai de 48 heures est à prévoir pour la consultation des archives, une fois la demande de communication instruite.
La photocopie n'est pas autorisée. La photographie sans flash est en principe autorisée, sous conditions. Toute publication ou reproduction est soumise à autorisation, dans le respect de la réglementation en vigueur concernant le droit de la propriété intellectuelle.